Grand Raid 73

Publié le par Akuna

Le 26 mai dernier eut lieu le trail grand raid 73 (73 km, 5000 mD+) dans le fabuleux massif des bauges.
Extraits du recit:

Le colombier m'inspire un petit haiku sans prétention (ordre de lecture, gauche puis de bas en haut).

 

Trail GR73 2007 (258)haiku

 


Sur le chemin, je vois cet arbre un peu rabougri, sec et bas de la feuille dans cette pente. Mais ne vous y trompez pas c'est un combattant, un survivant dans la zone de combat (l'altitude à partir de laquelle les arbres survivent difficilement du au froid, vent, orage, manque d'oxygène...), à cette hauteur c'est extrêmement rare. Cela devrait forcer le respect, bel exemple de bout de végétal accroché a la vie. Il y a de l'analogie de traileur de la foret...
Trail GR73 2007 (286)tuned
Une photo que j'aime bien ci-dessous, il suffirait de glisser le drapeau US dans les mains du premier grimpeur pour avoir un saisissant parallèle avec le dernier film de Clint Eastwood "la mémoire de nos pères".

Image Hosted by ImageShack.us

 

Ici ce n'est heureusement pas la conquête de l'atoll sanglant Iwo Jima dans le pacifique mais bien de pacifiques traileurs montant le colombier (pacifique / colombe tout un symbole..)

Trail GR73 2007 (287)tuned

La Galoppaz fut un peu mouvementee:

Je ne vois toujours pas de Jacqueline dans la prairie, je suis frigorifié, des frissons me parcourent le corps. Je suis accroupi, essayant de minimiser ma surface au vent et à la pluie. Déjà 45 minutes...J'ai une chaufferette dans le sac mais je n'ai pas la présence d'esprit de la prendre, les neurones sont gelés. Je m'enquiers des nouvelles auprès des bénévoles. Aurait-elle abandonné? Il n'y a plus personne dans la pente en vue. Le temps se dégrade rapidement, la vallée derrière moi s'assombrie. Premier flash, éclair net et précis 1km plus bas. A la VHF, le responsable dit "on décroche de là pour cause d'orage arrivant sur nous, je répète on décroche à la lisière du bois". Hum pas bon ça, faut pas faire de vieux os ici ! Les bénévoles repartent en direction du bois tandis qu'Amaury et moi traversons la crête face à l'orage déboulant à 70 km/h vers nous. Flash, je compte mentalement le son 1 seconde, soit impact à 300m , en combien de temps l'orage peut il nous frapper (80km/h ça fait du ??? en m/s, c'est pas le moment de faire des maths mais d'utiliser ses jambes!!!). Avant de courir, enlever mes batons dans mon sac pointés vers le ciel, (excellent paratonnerre). Pas d"abeilles" ou de phénomène d'ionisation autour de moi c'est déjà ça, je m'accroupi pour enlever mes batons, m..dr j'ai les doigts gantés et gelés, je passe de très longues secondes à détacher ces foutus bouts d'aciers.

Je me rappelle vaguement du livre "premier de cordée" de Frison Roche:

"- Entends-tu Georges ? Les abeilles…entends-tu, les abeilles bourdonnent ! Vite ! partons ! La foudre est sur nous…
Comme ils atteignaient un petit mur vertical de huit à dix mètres, l'air vibra très doucement, comme au passage d'un fluide ; les vibrations s'amplifièrent et ce fut à nouveau le bourdonnement d'un essaim, le chant des abeilles ! En entendant pour la seconde fois le bruissement mortel, les deux guides pâlirent sous le hâle ; ce bruissement, ce bourdonnement, c'était à nouveau l'indice formel d'une extraordinaire teneur en électricité statique…"

La pluie "tombe" presque à l'horizontale désormais, la force des goutelettes d'eau me font presque penser à de la grêle, enfin le cordage se desserre et libère mes batons. Courir sur une crête, à découvert , n'est pas très indiqué, mais la perspective de pouvoir s'abriter dans la forêt 1 km plus bas est irrépressible. Je n'attends pas Amaury et déboule à grandes enjambées la pente rendue glissante par la boue. Miracle, l'orage reste dans la vallée et passe sur la gauche. A la lisière du bois, j'entends derrière moi un cri. Je me retourne brièvement mais je ne vois personne sur le chemin transformé en véritable patinoire. Une tache rouge dans ma vision périphérique émet un bruit ?!? Passembleu ! C'est un bout d'Amaury que je vois dépasser de la cloture ? Je crie à la traileuse de patienter un instant le temps de constater les dégats, il est allongé de tout son long, couvert de boue, ne bougeant plus mais vociférant. <<Bord.. j'ai glissé sur 10 m avant de m'encastrer dans la cloture!, je peux plus bouger j'ai une crampe!>> Je suis soulagé qu'il n'a qu'une crampe après sa glissade involontaire, je lui soulage sa crampe au mollet et le relève prudemment. Il a cassé un baton mais a l'air remis de sa frayeur. Je reste avec lui par précaution, heureusement que sa mésaventure ne se soit pas arrivée 500 m plus haut... J'ai bien fait d'opter pour une paire de chaussures neuves (diosaz 700) je ne glisse pas contrairement à beaucoup d'autres coureurs. Je n'ai plus un cm2 de sec, l'appareil est trempé également, cela se ressent sur les prises de vue.


La suite du recit ici

Akuna

Publié dans Trail

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article